La performance relative du marché canadien bât de l’aile

La correction boursière à laquelle nous faisions référence dans notre dernière lettre trimestrielle est passée comme un coup de vent. La descente s’est initialisée en mai, la reprise en juillet et le tout semble être déjà rentré dans l’ordre. La tourmente a cependant touché plus particulièrement le secteur des ressources naturelles et les titres qui y sont rattachés. De ce fait, la performance relative du marché canadien bât de l’aile depuis.

Le tableau ci-joint dresse en sommaire les performances des principaux indices boursiers pour le troisième trimestre et pour les neuf premiers mois de 2006.

  3ième trimestre Neuf premiers mois
  Monnaie locale Dollars canadiens Monnaie locale Dollars canadiens
S&P/TSX (CAN) +1.28% +1.28% +4.34% +4.34%
S&P 500 (U.S.) +5.17% +5.32% +7.01% +2.96%
Nasdaq (U.S.) +3.97% +4.13% +2.41% -1.47%
Europe (Euro) +5.95% +5.14% +10.16% +13.37%
Nikkei (Japon) +4.01% +0.86% +0.10% -4.04%

Le marché des devises affiche une stabilité anormale compte tenu de la volatilité des ressources naturelles. L’Euro valait 1.2790 au début du trimestre et 1.2674$US à la fin. Le huard aussi a été intraitable, il valait 0.8940 en juin et 0.8960 en septembre.

Entre-temps, la banque centrale américaine a décidé de mettre un terme à la hausse de son taux directeur et de le garder stable jugeant que le niveau actuel permet de modérer la croissance économique américaine jusqu’à un niveau jugé soutenable à long terme et non-inflationniste. Alors que le marché immobilier démontre des signes de ralentissement, les données sont insuffisantes pour tirer les mêmes conclusions au niveau des dépenses des consommateurs, qui représentent 70% du PIB (versus un taux historique de 64%).


Les médias nous inondent d’éditoriaux et de nouvelles qui sont parfois citées hors contexte de façon à déformer ou amplifier la réalité et ainsi renforcer le point de vue de l’auteur. Nous aimerions commenter, offrir notre point de vue et notre perspective de façon à remettre les pendules à l’heure sur certains sujets chauds dans nos champs d’intérêt, c’est-à-dire la finance, l’économie, la politique et dans les dossiers sociaux.

1. L’industrie médiatique a fait de la bulle immobilière son chou gras au cours des dernières années. Combien d’articles ont été rédigés sur les craintes liées au niveau record d’endettement, à l’utilisation excessive des emprunts et aux perspectives désastreuses de l’éclatement de cette bulle? Alors que des signes de ralentissement économique refont surface, cette indigestion d’information génère beaucoup d’anxiété quand aux répercussions de cet éclatement. Mais qu’en est-il vraiment ?

Il est vrai que le secteur de l’immobilier a été, et continue d’être, à l’avant scène de beaucoup de spéculation. Il est aussi fort à parier que la possibilité d’un fléchissement de l’industrie immobilière sous le poids de l’accumulation de plusieurs années de spéculation se répercuterait dans le secteur de la consommation. On doit cependant remettre la situation en perspective. Nous croyons que les craintes générées par l’endettement des consommateurs résultent d’une mauvaise lecture des faits. On peut relier une bonne partie de l’accroissement de la dette des ménages à un phénomène hypothécaire, ce qui veut donc dire que la dette supporte sainement un actif. D’ailleurs, à cause de la déréglementation financière, beaucoup plus de gens ont accès au crédit et en profitent, ce qui facilite l’accès à la propriété à plus de gens. L’augmentation du niveau d’endettement n’est pas nécessairement le cas du même consommateur qui gonfle sa dette pour rassasier son appétit de consommation.

On doit présumer que le niveau de dette auquel un individu peut souscrire est directement proportionnel à son revenu mais on ne peut pas trouver d’indication claire que ce niveau est atteint.

Il est donc primordial que le marché de l’emploi demeure en santé et que les prix des maisons ne fléchissent pas trop afin d’éviter une crise immobilière. Tant que les individus conservent leur emploi, ils peuvent honorer leurs obligations financières. Nous devons donc garder l’oeil sur le taux de chômage, la qualité des emplois créés et le prix des résidences qui sont clés au succès économique.

2. Beaucoup d’entre vous nous ont interrogés sur la future prédominance asiatique dans l’économie globale et veulent connaître la stratégie à adopter pour contrer le soi-disant inévitable déclin de l’influence américaine.

Il n’y a aucun doute que la Chine et l’Inde ont connu une croissance économique très robuste, mais on se doit de remettre le tout en perspective. L’économie chinoise représente moins d’un cinquième de l’économie américaine. Maintenant joignons-y l’économie de l’Inde, et la balance des pays asiatiques en excluant le Japon et on n’arrive pas à dépasser la barre des 40% du PIB américain. De plus, l’économie asiatique négocie un important déficit commercial avec les États-Unis. En d’autres mots, les Asiatiques produisent beaucoup plus qu’ils consomment et ils doivent obligatoirement écouler leur production avec l‘extérieur. Ce qui veut donc dire qu’un ralentissement économique américain aura de forte répercussion sur l’économie asiatique.

Il n’est pas réaliste de voir la Chine s’emparer du rôle qu’occupent présentement les États-Unis. Elle n’est pas assez stable. Son économie, qui se chiffre à 2.2 billions de dollars est rongée par une multitude de risques comme un système financier chancelant, de l’instabilité sociale et des problèmes de pollution démesurés. Le jour viendra où la Chine aura un marché domestique qui lui permettra de devenir la locomotive de l’économie asiatique, mais ce marché n’est pas encore réalité. Il est fort probable que l’Asie deviendra le joueur dominant de l’économie globale mais l’ironie est qu’elle ne peut se réaliser à court terme sans l’aide des américains.

D’ailleurs, les statistiques nous démontrent que le PIB américain a crû de 3 billions de dollars US depuis l’effondrement des tours jumelles. En d’autres mots, la croissance du PIB américain au cours des 5 dernières années est plus importante que l’économie chinoise toute entière. Donc, bien que la progression relative de la Chine soit la plus importante au monde, elle se veut quand même plus faible que celle des États-Unis en terme absolu.

3. Êtes-vous à l’affût des débats portant sur la taille des gouvernements, des débats portant sur les dépenses en sécurité sociale telles que l’assurance médicale et le système d’assistance sociale ?

Nous avons récemment été mis au courant de certaines informations publiées par l’agence statistique allemande au sujet de son système de sécurité sociale qui nous ont fait sursauter.

En Allemagne, qui est le plus gros pays exportateur de l’Europe, 42% de ses citoyens dépendent des paiements d’assistance sociale, de chômage et de pensions. En fait, seulement 55% des ménages allemands vivent de leur propre revenu. Les dépenses des programmes de sécurité sociale de l’état ont atteint 695 milliards d’Euro par année (892 milliards de dollars US).

L’ennui est que toutes ces dépenses n’éliminent que très peu la pauvreté et les difficultés sociales. Il s’agit d’un imbroglio d’argent qui repose sur une armée de bureaucrates coûteuse et inefficace. Le système crée un gros brassage d’argent complètement inutile financé par des impôts puisés à même la population et redistribué à ces mêmes gens qui doivent demander gentiment en cochant la bonne case au bureau de vote.

Mais pourquoi tant de dépendance envers l’État? De toute évidence, il s’agit d’une tentative de la part du gouvernement d’aider les démunis qui ne pourraient survivre autrement.

La problématique réside dans le financement de programmes sociaux particulièrement voraces. Le gouvernement n’invente pas d’argent, il pompe l’argent dans ses coffres en taxant les contribuables. Ce sont généralement les particuliers dont le revenu est plus faible qui sont les plus touchés. L’impôt payé étant si élevé, ces mêmes gens doivent faire appel à l’état pour les aider à arrondir les fins de mois.

Lorsque le filet social devient si volumineux, il perd ses vertus d’élimination de la pauvreté et de réduction des inégalités sociales. Mais, comme on dit, le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions… Si l’argent était uniquement puisé de la classe aisée et distribué aux pauvres, le résultat serait meilleur, mais la réalité est tout autre. Les plus nantis peuvent toujours engager des professionnels dont le travail consiste à profiter des failles du système pour réduire la charge fiscale et les plus démunis n’ont pas assez de revenu sur lequel le gouvernement peut taxer. Ce sont donc les ménages de la classe moyenne qui se voient attribués le gros de la facture. Cet argent est, par la suite, redonné aux contribuables par l’entremise de divers programmes, crédits et prestations fiscales. Néanmoins on doit bien sûr déduire les importants frais de collection et de distribution avant de remettre les sommes car une imposante armée de fonctionnaires est nécessaire au bon fonctionnement de ce lourd système.

Il y a un meilleur système. Les taxes doivent êtres perçues de la véritable classe riche et le filet social doit être aiguillé vers les gens véritablement dans le besoin. Entre-temps, on doit permettre à la grande majorité de la classe moyenne de voler de leurs propres ailes.

Bien sûr les gouvernements et les politiciens perdraient beaucoup de leur pouvoir. Voilà ce que beaucoup d’entre nous verraient comme un pas dans la bonne direction! Malheureusement, les programmes sociaux sont très complexes et permettent aux gouvernements de fouiller dans vos poches tout en brouillant la valeur des services offerts en retour … à vous d’y penser aux prochaines élections.

Nous espérons que vous avez trouvé nos perspectives informatives ou, du moins, divertissantes.

L’équipe Claret

Auteur(e)

  • Claret
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